Marc-Adrien Barraud
Marc-Adrien Barraud

Marc-Adrien Barraud.

L’interview Such Consulting nous transporte à des milliers de kilomètres de nos contrées.

En plein tour du monde, c’est un véritable expert et passionné de Supply Chain qui prend la parole pour nous partager logiquement sa vision très internationale de notre domaine.

Accrochez-vos ceintures … c’est parti !

Marc-Adrien Barraud, peux-tu te présenter en quelques mots et nous expliquer pourquoi tu as décidé de réaliser ce tour du monde?

Ma dernière position chez SPECIAL-T by Nestlé avant mon départ était celle d’Operational Supply Chain Manager, après 17 ans passés au sein du groupe Nestlé. J’ai rejoint Nespresso Suisse en 2001 et SPECIAL-T en 2010. Ces 2 expériences furent marquées par divers postes au Service Client, Marketing, Business Development et Supply Chain. Elles furent enrichissantes et passionnantes: j’ai pu vivre aux premières loges les années folles de croissance de Nespresso et pu contribuer au lancement des machines et capsules de thé en Europe et Asie. Mon envie de voyage s’ est construite sur les mêmes sources de motivation que celles qui animent ma carrière: quête de nouveautés, exposition à de nouvelles cultures, de découvertes, d’adaptations, d’incertitudes, de challenges et de remises en questions profondes.

Où te trouves-tu au moment ou tu réponds à ces questions ? Quels pays as-tu parcouru et quel est le programme pour la suite ?

Au moment où j écris ces lignes, j’attends le coucher du soleil sur la fameuse plage de Waikiki sur l’île d’Oahu à Hawaii. Il y a pire je l’admets.

Après 7 mois de voyage débuté à Ushuaïa, nous avons arpenté avec mon amie l’Argentine, le Chili, la Bolivie, le Pérou, les Îles Galápagos, l’île de Pâques, la Polynésie Française, la Nouvelle-Zélande et finalement Hawaii. Il nous reste maintenant 5 mois pour parcourir le Japon et l’Asie du Sud Est où le programme n’est pas encore défini.

Parles-nous de la logistique qu’engendre un tour du monde ?

Si je devais appliquer les principes clés de la logistique à mon voyage, je citerais, de façon non-exhaustive, les 3 éléments suivants:

Mon entrepôt devient mon sac à dos. Il faut trouver la bonne dimension, choisir les fonctionnalités et technologies adaptées. Puis l’organiser méthodiquement afin d’optimiser un packing et depacking journalier. Et finalement ne pas faire du surstockage, soit 12kg maximum.

Les transports, ou mes déplacements de villes en villes, s’organisent de façon très similaire à la gestion d’une Supply Chain: choix du moyen de transport selon les distances et définition d’une stratégie intercontinentale, continentale et nationale. En ce qui concerne les déplacements, la sécurité de la marchandise, moi-même et mes bagages, est primordiale. Pour des raisons budgétaires, la rapidité n’est pas toujours possible. Il ne faut pas avoir peur de faire 25 heures de bus.

Les contraintes légales, administratives et douanières: soit la gestion des exportations et des importations, sont également à prendre en compte. Pour l’exportation, il faut s’assurer d’être à jour avec ses impôts et son assurance maladie. Quant à l’importation, il convient d’obtenir les visas et autres certificats nécessaires au voyage.

Combien de temps à l’avance as-tu démarré les préparatifs?

Fixer une date de départ fut le kick-off de ce projet. Pour nous, celle-ci fut fixée un an et demi avant notre premier vol. Ensuite, nous avons mis 9 mois pour dessiner notre tour du monde parfait en s’inspirant des innombrables conseils en ligne. Les 6 derniers mois furent vraiment opérationnels et administratifs pour être prêts le jour du depart.

Quel parallèle peut-on faire avec la gestion de projet telle qu’on la connaît dans le monde professionnel ?

Je me permets de déléguer cette question à ma partenaire de voyage Deborah Franzi :-)

Elle sera plus à même de répondre de par son activité dans le domaine du conseil et de la formation en gestion de projet.

L’organisation d’un voyage constitue le cas d’étude par excellence de gestion d’un projet.
On retrouve les 5 étapes clés d’un projet:
  • On initie tout d’abord le projet et son ébauche avec sa tendre moitié.
  • On consacre énormément de temps à planifier l’itinéraire, tout en respectant les contraintes temps, coûts et périmètre. L’élaboration d’un Project Plan a été le point culminant pour moi, fervente adepte de la planification.
  • Puis on exécute le projet qui ne se déroule jamais comme prévu.
  • On “monitore” et contrôle son déroulement pour parer aux imprévus (p.ex météo) et l’on repasse par la case planification.
  • Finalement, on clôturera le projet en célébrant les succès, les “Lessons Learned”, en créant un magnifique album photo et en prodiguant des conseils à nos amis.
Un exemple courant concerne la disparité des stratégies mises en place par les loueurs Airbnb pour assurer un check-in en douceur. Il y a celui que tu dois contacter 1 heure avant ton arrivée pour qu’il chevauche son scooter et traverse la ville le plus vite possible afin de t’amener la clé et t’énumérer les possibles activités alentours. Mais il existe aussi celui qui active à distance la puce NFC de ton mobile qui te fera office de clé. Pour les conseils, il met une tablette à disposition proposant des activités. En conclusion, l’un des loueur est parvenu à optimiser ses flux en analysant son activité et s’aidant des nouvelles technologies. L’expérience client en est d’autant plus enrichie.
Cet exercice met en perspective l’enrichissement que me procure ce voyage à tous les niveaux !

Les nombreuses décisions quotidiennes rappellent à chaque instant la gestion de projet: communiquer avec les parties prenantes (comment faire comprendre à l’employé de l’ambassade qu’il nous faut le visa tout de suite?), évaluer les risques (mangera-t-on la brochette de lama dans la rue?), choisir un logement adapté à notre budget (chéri, est-ce que loger dans un 5* à Bora Bora est vraiment raisonnable?)

Peux-tu nous partager ce que tu retiens après 7 mois de voyages?

En regardant dans le rétroviseur, je retiens évidement la diversité et la beauté des paysages traversés mais surtout l’aventure tout comme les expériences assez cocasses. Je cite entre autres la fois ou je nous ai enfermés par mégarde à l’extérieur de notre camping-car par 11 degrés. Il faut préciser que nous étions en maillots de bains mouillés sans serviette ni portable.

Quelle est ta vision de la Supply Chain ? A-t-elle évoluée suite à ce tour du monde ?

Suite à mes années chez Nespresso, ma vison de la Supply Chain a toujours été très orientée Expérience Client et optimisation des flux. Je peux affirmer que ce voyage n’a fait qu’enrichir cette vison. En effet, j’expérimente quotidiennement comment des cultures distinctes adoptent un cheminement différent pour arriver au même objectif; le fameux « ne pas juger le chemin mais le résultat ». Je vis aussi des expériences clients allant de l’excellence à la catastrophe, dans des domaines aussi variés que les flux passagers d’un aéroport, la restauration, les supermarchés, les transports, les offices du tourisme, les livraisons à domicile, etc.

Marc-Adrien Barraud : le mot de la fin ?

Merci Marc de m’avoir dérangé à l’autre bout du monde avec tes questions pertinentes :-)

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