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« Dans le contexte d’une start-up, il faut trouver le bon équilibre entre une solution optimale et une solution simple a implémenter, flexible et économiquement intéressante. »

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L’interview: Aurèle De Bosset, Cofondateur & COO de HiKaMi Digital

Bonjour Aurèle, avant de rentrer dans le vif du sujet, pouvez-vous vous présenter en quelques mots?

Ingénieur EPFL, j’ai commencé ma carrière chez Nestlé au PTC de Orbe dans le développement puis j’ai été expatrié pendant 3 ans à Hô-Chi-Minh au Vietnam comme ingénieur puis chef de projet.
Après ces 6 années au sein de Nestlé, j’ai décidé de quitter le groupe et de me lancer dans l’entreprenariat. J’ai créé une première société que j’ai revendue il y 2 ans, puis j’ai co-fondé HiKaMi Digital AG pour laquelle je suis COO. Chez HiKaMi nous développons des produits IoT (internet des objets) afin de rapprocher les marques, les points de vente et les clients. Nous faisons ce lien en numérisant le « moment de consommation » d’un produit physique, que nous pouvons mettre en relation avec le comportement numérique d’un client.
D’autre part, je suis passionné par l’optimisation d’opérations et j’adore la bonne nourriture et tout ce qui va avec (bières, vin, etc.), autant dire que j’ai trouvé mon bonheur avec HiKaMi !

Comment est née l’idée de HiKaMi?

Autour d’une bonne bière entre amis!
Nous étions 4 expatriés à sortir ensemble au Vietnam et nous voulions partager un « Cheers / Santé » avec nos amis qui sortaient eux aussi … mais à 12’000 km! On a imaginé un décapsuleur connecté par Wi-Fi à notre téléphone qui pourrait partager automatiquement un message (sans toucher au téléphone). Mon collègue Minh qui est designer a imaginé un super concept: cacher de l’électronique dans un joli boîtier en bois. Après quelques mois de travail en parallèle de nos jobs, on a préparé une campagne Kickstarter en Mai 2016 autour de ce produit B2C. Quelques grandes brasseries ont vu le projet et ont manifesté leur intérêt pour développer le produit afin de savoir quelle bière avait été décapsulée.
Donc début 2017 nous avons pivoté vers ce modèle B2B très prometteur, que nous avons développé en parallèle avec le nouveau décapsuleur. Sans rentrer dans les détails, nous pouvons aujourd’hui déterminer automatiquement la marque d’une bière lors de son ouverture.
Ce produit B2B sera lancé en 2018 avec un très grand client (brasserie) dans un marché test, avant de poursuivre notre expansion mondiale.

Comment voyez-vous HiKaMi dans 5 ans?

Notre vision est de « capturer » chaque moment de consommation de boisson dans le monde entier, quel que soit l’endroit, la boisson et le format. Plus concrètement mon rêve est d’être actif dans plus de 20 marchés, avec plus d’1 million de décapsuleurs actifs capturant 1 milliard de « cheers, santé ou kampai » chaque année.

Quelle place a occupé la Supply Chain jusqu’à aujourd’hui dans le développement de votre entreprise?

Tous les jours nous faisons face à des challenges Supply Chain!
Nous avons connu 2 phases où nos structures Supply Chain étaient très différentes :
  1. Lors du lancement du premier produit BOx (Bottle Opener x), nous avons dû livrer plus de 1’000 décapsuleurs pour notre campagne Kickstarter puis assurer la logistique pour notre webshop. C’était un challenge de distribution.
  2. Aujourd’hui nous sommes en production de pré-séries de notre nouveau produit B2B. Il est bien plus complexe (5 fois plus de composants) mais livré à 1 unique client. Le challenge se trouve donc au niveau de l’approvisionnement de l’usine.

Quelles ont été les challenges Supply Chain majeurs rencontrés depuis votre lancement?

La logistique coûte vraiment cher et ce sont souvent des frais cachés que vous subissez après coup. Il ne faut pas sous-estimer l’importance d’une bonne réflexion en amont. Nous avons décidé d’effectuer ce travail le plus tôt possible en accompagnement avec SuCh Consulting.
Pour BOx, notre premier produit, il y avait plusieurs éléments intéressants : notre produit était fabriqué au Vietnam, il ne rentrait juste pas dans le gabarit standard d’une enveloppe (20mm), la valeur du produit (35 CHF) était juste à la limite de l’acquittement des droits de douane et TVA, et on devait livrer dans 35 pays partout dans le monde. Je dois dire que nous étions un peu perdus pour trouver la meilleure solution pour le moyen terme, mais le support de SuCh Consulting nous a guidés vers une solution adaptée.

Pouvez-vous nous partager votre vision de la Supply Chain?

Dans le contexte d’une start-up, il faut trouver le bon équilibre entre une solution optimale et une solution simple à implémenter, flexible et économiquement intéressante.
Une solution optimale est parfaitement adaptée pour les grosses sociétés mais dans une start-up les choses peuvent changer tellement vite qu’il faut pouvoir continuellement s’adapter.

Vous avez connu le monde des multinationales et la vie d’entrepreneur, que retenez-vous de ces expériences et quels partages pouvez-vous nous faire?

Ces deux mondes sont très différents et ils ont beaucoup à apprendre l’un de l’autre. Il faut avoir la discipline et la structure de la multinationale, combinées à la flexibilité, l’agilité et la réactivité d’une start-up.

En tant que co-fondateur et COO, quels seraient les 3 conseils que vous donneriez aux futurs entrepreneurs qui souhaitent se lancer?

  1. Aller sur le terrain le plus vite possible. Faire de la vente, comprendre le marché et les réels besoins des clients.
  2. Le produit ne fait pas le succès de la startup, chaque hypothèse non-validée peut être périlleuse. Tester toutes les hypothèses et les idées le plus vite possible, même avec des produits qui ne sont pas finis (voir le concept de Minimum Viable Product d’Eric Ries).
  3. Dans la mesure du possible, préparer au maximum son projet avant de quitter son job. La mise en place et le lancement d’une entreprise prend toujours plus de temps que prévu!

La vie d’entrepreneur n’est pas un long fleuve tranquille, quelles seraient vos règles d’or qui permettent de trouver votre équilibre?

Pour ma part ce sont les quelques heures passées en famille en fin de journée qui me détendent le plus. Les enfants ont cette capacité à mettre en perspective nos difficultés professionnelles !
Sinon, voici quelques règles que j’applique au quotidien : attendre 30 minutes avant de toucher son téléphone le matin, ne jamais commencer la journée en traitant ses e-mails et enfin ne pas essayer de tout faire tout seul. Sur ce dernier point, déléguez tout ce que vous pouvez et demandez de l’aide pour ce que vous ne connaissez pas encore.

Le mot de la fin?

“Life Is a Game and You Make the Rules”
Santé! Cheers! Kampai! Một hai ba, yo!