Nous sommes partis à la rencontre d’une des personnalités incontournables de la scène logistique en suisse: le Professeur Philippe Wieser.

Directeur de l’IML depuis 2000 et enseignant à l’EPFL ainsi que dans diverses universités européennes et africaines, il est également auteur et co-auteur de quelque 150 publications et conférences.

Véritable référence du domaine, c’est avec beaucoup de plaisir et les oreilles grandes ouvertes que nous le retrouvons dans son bureau de la tour Odyssea de l’EPFL pour notre interview avec Such Consulting.

Bonjour Professeur Philippe Wieser. Il y a plus de 10 ans, j’étais l’étudiant assis sur les bancs de votre classe. Je vous retrouve aujourd’hui, ravi de pouvoir faire partager votre expérience à nos lecteurs.

Parlez-nous de votre parcours. Racontez-nous comment vous êtes un jour « tombé dans la marmite Supply Chain ».

Ingénieur mécanicien de formation et après quelques années passées dans l’industrie, j’ai rejoint, à l’EPFL le Prof. Perret, qui a créé l’IML en 1990. Présent dès cette date à ses côtés, j’ai repris la direction de cet Institut en 2000. Aujourd’hui, quelque 1200 participants (Lausanne et Paris), représentant plus de 75 nationalités sur les 5 continents, ont obtenu leur diplôme (MAS) en « Global Supply Chain Management ». Ce succès nous a conduit a développé un second programme en 2016, spécifique au domaine de la pharmaceutique et de la santé, soit un CAS en « Healthcare Supply Chain Management » en collaboration avec des entreprises pharmaceutiques internationales

La Supply Chain a énormément évolué depuis la création de l’IML en 1990. Quels sont, selon vous, les principaux changements les plus marquants ?

Un des éléments les plus marquants est le passage du domaine cloisonné de la logistique au monde transversal et systémique du Supply Chain Management global. Le développement des systèmes d’information (IS, IT et innovations technologiques) a été également un facteur majeur de réussite des entreprises. Même si, aujourd’hui, certaines ont encore des efforts à réaliser spécialement dans un monde qui se digitalise de plus en plus.

Si le domaine a fortement changé, je suppose que la mentalité des générations que vous avez vues se succéder a tout autant évolué. Pouvez-vous partager quelques-unes de vos expériences ?

La mentalité des participants a évidemment beaucoup changé et s’est adaptée aux évolutions stratégiques, tactiques, opérationnelles et technologiques des entreprises. Notre programme a évolué en conséquence pour anticiper en permanence, et de façon continue, tous ces changements techniques et logiques.

De par votre présence sur la scène européenne, selon vous, comment se positionne la Suisse dans l’utilisation, l’avancement et le développement de la Supply Chain?

La Suisse se positionne très convenablement dans l’évolution et le développement de la Supply Chain. De nombreux groupes internationaux ont établi leur direction Supply Chain en Suisse et recrutent des talents auprès de nos étudiants. La Suisse a ainsi un rôle majeur à jouer dans ce domaine.

En tant que spécialiste des prévisions, quelles sont vos prédictions quant à l’évolution de la Supply Chain?

La digitalisation des processus (Digital Supply Chain, Industry 4.0, Supply Chain 4.0, …) va constituer, à court et moyen terme, le prochain grand défi des entreprises, et pas seulement des multinationales. Toutes les entreprises et toutes les organisations seront impactées, y compris les administrations. Certaines ont compris cet enjeu et adaptent leur stratégie et leur organisation. D’autres sont plus attentistes mais devront immanquablement évoluer si elles veulent continuer à être présentes sur les marchés nationaux et internationaux.

À titre plus personnel, pourriez-vous nous confier la nature de vos prochains projets ?

À deux ans de la retraite, je vais transmettre dès 2019 la direction du cours à la personne qui me succédera, avec comme dernière mission au sein de l’IML de l’aider à développer une nouvelle formule de notre formation qui devrait passer d’une version « full time » à une version « part time ». De nouveaux modules verront le jour, en particulier des modules liés à la digitalisation, aux nouvelles technologies, à l’innovation et au développement durable.

Et si vous aviez un mot de conclusion, quel serait-il ?

Un mot aux entreprises de ne pas rater le tournant du digital, et un mot aux universités de ne pas rater l’accompagnement des entreprises à ces changements profonds en offrant à leurs collaborateurs une formation exécutive adaptée à l’évolution des pratiques en matière technologique, stratégique et humaine.

Merci Philippe Wieser pour votre temps et vos réponses !