Les nouveaux droits de douane de l'administration Trump : une décision aux lourdes conséquences sur les Supply Chains !

Les nouveaux droits de douane de l’administration Trump : un défi majeur pour la Supply Chain des entreprises Suisses !

À 24 heures près, on aurait pu croire à une blague du 1er avril.

Et pourtant, le 2 avril 2025, le président Trump proclamait depuis la Maison-Blanche ce qu’il a lui-même qualifié de « Liberation Day », une série de droits de douane d’une ampleur historique, sur les importations vers les États-Unis.

Pour de nombreuses entreprises suisses, cette annonce a eu l’effet d’une déflagration.

Dès le lendemain, en Europe, les acteurs économiques ont pris la mesure d’un tournant brutal : loin d’un simple ajustement protectionniste, cette initiative constitue une rupture profonde dans l’équilibre commercial mondial.

La Suisse, partenaire historique des États-Unis, se retrouve frappée par une taxe de 31 % sur ses exportations vers ce marché. Un chiffre qui inquièteet à juste titre.

Dans cet article, nous analysons en détail les décisions prises par l’administration Trump, les conséquences pour les entreprises suisses, les lacunes de cette politique en matière de Supply Chain, et les options disponibles pour y faire face.

1 – Des droits de douane historiques et massifs

L’Administration Trump a annoncé un tarif universel de 10 % sur les importations de presque tous les pays, avec les seules exceptions temporaires de deux voisins stratégiques : le Canada et le Mexique.

Ce tarif touche aussi bien des alliés traditionnels que des partenaires plus concurrentiels.

Des tarifs réciproques additionnels visant certains pays accusés de « mauvaises pratiques commerciales », basés sur le déficit commercial avec les États-Unis.

Ainsi, la Chine est taxée à 54 %, le Vietnam à 56 %, l’Union européenne à 20 %, le Japon à 24 %, et la Suisse à 31%.

Ce dernier chiffre est particulièrement inquiétant. Il touche directement plusieurs piliers de l’économie suisse : horlogerie, dispositifs médicaux, machines-outils de précision, produits chimiques et cosmétiques.

Mais ce n’est pas tout. L’administration Trump a également annoncé la suppression de la règle de minimis, qui permettait jusqu’ici l’importation de colis d’une valeur inférieure à 800 USD sans taxation.

Pour les PME suisses qui misent sur l’e-commerce transatlantique, notamment dans les secteurs des produits de luxe ou des biens artisanaux, cette mesure risque de changer radicalement la donne.

Enfin, la mise en application immédiate, sans période de transition pour les entreprises, renforce l’effet de choc pour les pays concernés…

2 – Une approche déconnectée des réalités Supply Chain

2.1 – Une logique simpliste, dans un système ultra-complexe

Le raisonnement derrière ces tarifs est aussi simple que problématique : les pays qui, selon l’administration Trump, profitent du marché américain doivent désormais « payer leur part ». C’est une application rigide du principe de réciprocité, sans analyse approfondie de la réalité des chaînes de valeur modernes.

Or, un produit exporté de Suisse est rarement 100 % suisse. Il intègre souvent des composants provenant d’Italie, d’Allemagne, voire des États-Unis eux-mêmes. Parfois, l’assemblage est réalisé dans un pays tiers. La taxation de 31 % sur l’ensemble de la valeur importée ne tient donc aucunement compte de cette complexité.

Ces décisions semblent prendre peu en compte les échanges intermédiaires, les flux d’approvisionnement régionaux, ou les stratégies de fragmentation productive.

2.2 – Aucun délai d’adaptation

Dans un univers logistique optimal, il faut 6 à 18 mois pour reconfigurer un réseau d’approvisionnement : requalifier un fournisseur, adapter les chaînes d’assemblage, revoir les contrats de distribution, ajuster les systèmes informatiques, former les équipes, etc.

Mais ici, aucune de ces étapes n’a pu être planifiée. Les marchandises déjà en transit sont taxées rétroactivement. Les contrats en cours sont immédiatement déséquilibrés. Le coût logistique grimpe sans alerte préalable.

En imposant ces tarifs du jour au lendemain, l’administration Trump plonge les entreprises dans l’urgence, sans leur laisser le temps d’analyser, de modéliser ou de déployer une alternative.

2.3 – Impact dévastateur sur les PME

Les grandes entreprises, disposant de structures légales et logistiques aux États-Unis, pourront peut-être trouver des solutions temporaires. Mais les PME suisses, notamment celles des secteurs le luxe, de la santé, l’artisanat ou l’export technique, se trouvent souvent sans filet, et manque de visibilité.

Elles dépendent d’un ou deux partenaires distributeurs américains, n’ont pas toujours les ressources pour relocaliser une partie de leur chaîne, ni les outils d’analyse pour modéliser différents scénarios.

2.4 – Des incohérences majeures

Le discours officiel prône un retour de l’industrie sur le sol américain, mais les moyens mis en œuvre vont à l’encontre de cet objectif.

Les matières premières nécessaires à la construction d’usines (acier, aluminium, équipements) sont elles aussi surtaxées.

Sans parler des délais de mise en service d’un site industriel, qui peuvent aller jusqu’à 24 mois.

2.5 – Pas de vision globale

La fin du régime de minimis, combinée à l’effet boule de neige des surtaxes, impacte bien au-delà des simples importateurs.

Cela affecte les transporteurs express, les hubs de consolidation logistique, les entrepôts e-commerce, les prestataires 3PL, et jusqu’à la gestion des retours.

On assiste à un effet domino, difficile à maîtriser, sur toute la chaîne logistique amont et aval.

Les nouveaux droits de douane de l'administration Trump : une décision aux lourdes conséquences sur les Supply Chains !

3 – Quels risques concrets pour les entreprises ?

Augmentation brutale des coûts : Un exportateur suisse qui vend une montre à 2000 CHF verra son distributeur américain payer environ 620 francs supplémentaires de taxe. Pour le consommateur final, cela peut représenter une augmentation de prix allant jusqu’à 800 USD après marges et TVA.

Pression sur les marges : Absorber la hausse, c’est rogner les bénéfices. La répercuter au client, c’est risquer de perdre en volume ou en positionnement. Dans les deux cas, la marge est compromise.

Perturbation du e-commerce : La fin de la règle de minimis change les règles du jeu. Les marques suisses qui ont bâti un modèle direct-to-consumer (DTC) vers les États-Unis le voient désormais pénalisé, y compris pour des paniers moyens modérés.

Perte de parts de marché : Les importateurs américains pourraient privilégier des produits locaux ou asiatiques non concernés par ces taux, même au détriment de la qualité. Cela fragilise la présence suisse dans les chaînes de distribution, notamment en B2B.

Trump Administration's New Tariffs - Supply Chain Impacts

4 – Quelles options concrètes pour réagir ?

4.1 – Diversification des marchés

Réduire la dépendance au marché américain est un impératif stratégique. Cela passe par l’intensification des efforts vers l’Asie, le Moyen-Orient, l’Afrique ou l’Amérique latine. Mais cela nécessite une stratégie claire, des relais locaux, et des adaptations des produits.

4.2 – Repositionnement logistique et industriel

Créer une entité juridique ou logistique aux États-Unis permet de qualifier les produits comme “made in USA” dans certains cas. Cela implique souvent de rapatrier une partie de l’assemblage ou de l’emballage final, voire d’investir dans un atelier local.

4.3 – Adaptation commerciale

Créer des gammes spécifiques pour le marché US, ajuster les formats ou conditionnements, ou regrouper certaines commandes pour minimiser les coûts logistiques : ce sont autant de pistes pour conserver l’attractivité malgré les tarifs.

4.4 – Collaboration renforcée avec des partenaires américains

Négocier une prise en charge partielle des coûts par le distributeur, revoir les incoterms, construire ensemble une nouvelle stratégie de tarification : le dialogue avec les partenaires locaux devient crucial.

4.5 – Anticipation

Les entreprises dotées de capacités d’analyse avancée peuvent modéliser différents scénarios de tarification, de sourcing, de flux logistiques, et identifier les leviers les plus rentables. C’est là que la digitalisation de la Supply Chain prend tout son sens.

5 – Conclusion : un choc brutal, mais aussi une opportunité de transformation

Ce nouveau cadre douanier bouleverse les règles du commerce international.

Il fragilise les acteurs mal préparés, mais il crée aussi une opportunité pour ceux qui savent anticiper, s’adapter, pivoter.

Les entreprises suisses qui sortiront renforcées de cette crise seront celles qui connaissent en détail leur Supply Chain, leurs coûts, leurs flux, et leurs marges de manœuvre.

Il est temps de revoir ses chaînes de valeur, d’identifier ses zones de flexibilité, et de prendre les bonnes décisions. Car dans ce nouvel environnement, l’agilité n’est plus un luxe : c’est une condition de survie.

Vous vous interrogez sur l’impact de ces mesures sur votre activité ? C’est peut-être le bon moment pour repenser votre modèle avec des partenaires expérimentés.